Le lundi 16 juillet
Je me réveille à 5h du matin pendant quelques minutes et devinez ce que j’entends de la fenêtre? Le bruit du gros trafic… Le même qu’hier soir en se couchant! Jakarta ne dort jamais… Le monstre est avide de ses habitants à toute heure du jour et de la nuit. Pas mal différent des cris des singes et des grenouilles de Kalimantan! Bon, on réussit à dormir tout de même jusqu’à une heure décente et on déjeune hors de l’hôtel car ce n’est pas offert dans celui-ci. Nous retrouvons notre chauffeur et partons à 9h, dans un trafic d’enfer, naturellement. Nous arrivons à Bogor à 10h30 pour visiter son jardin botanique, qui date de l’époque coloniale, et a été conçu par les Néerlandais. Nous y marchons pendant 1h30 et admirons la variété incroyable des plantes qui s’y trouvent. Nous allons à la serre des orchidées mais c’est pas mal ordinaire en fin de compte.
Puis nous reprenons bravement la route (en fait, il faut être plus fou que brave dans ce trafic, ou peut-être plutôt résigné). La route entre Bogor et Bandung passe par une région montagneuse volcanique et il faut traverser un col, le Puncak, où il y a de magnifiques plantations de thé. Malheureusement, la plantation que l’on aimerait visiter est fermée le lundi.
On poursuit la route dans la jungle de véhicules. C’est une route à une seule voie des deux côtés mais à tout moment, il y a des mobylettes qui se faufilent dans le moindre petit espace disponible entre les voitures et autres véhicules. Ouf, c’est fatiguant tout ce bourdonnement incessant. On traverse de magnifiques paysages de rizières en terrasses et on arrive à Bandung vers 5h mais là, comme toute ville qui se respecte, le trafic est monstre. Avec un peu de chance, nous faisons du 10 km à l’heure. C’est la deuxième ville en importance en Indonésie avec une population d’environ 6 millions de personnes. On comprend pourquoi il y a tant de monde partout.
Observations :
- En Indonésie, il est facile de se prendre pour une célébrité vu le nombre de fois où on nous prend en photo. Il est aussi facile de se croire millionnaire car un million de rupiahs valent 100$. En plus, on doit tout payer en argent comptant puisque les cartes de crédit ne sont pas acceptées à nulle part. Vous imaginez comme on s’en met plein les poches quand on retire de l’argent dans les guichets automatiques.
- Habillement : Ici on ne voit presque jamais de femmes complètement couvertes de noir. Plusieurs portent juste un petit voile autour de la tête. À part ça, les culottes courtes ne se portent pas du tout. Donc depuis le début du voyage, nous portons pantalons longs ou 3/4 (parce que je suis une touriste). De plus, je crois que leur métabolisme est différent du nôtre car les indonésiens portent souvent des gilets à manches longues et des manteaux quand vraiment, nous trouvons qu’il fait chaud.
- Cuisine : À part le riz, la viande par excellence est le poulet (ayam). Les indonésiens mangent avec leur main droite, sans ustensiles. La gauche sert à… Je vous laisse imaginer en vous donnant un indice : le papier toilette n’existe pas ici! Et la confiture à l’ananas est délicieuse, ainsi que les petites bananes frites.
Le mardi 17 juillet
En Indonésie, le réveil se fait d’abord au chant des prières, qui fusent de toutes les mosquées grâce à des hauts-parleurs (à 5h30 du matin et il y a beaucoup de mosquées!). Ensuite, c’est le réveil par le chant des coqs, qui s’en donnent à coeur joie. Finalement, le chant du trafic s’assure que vous êtes bel et bien éveillés. Ce matin, nous allons faire une petite expédition autour du cratère du volcan Tangkuban Prahu, toujours actif mais dont la dernière éruption a eu lieu en 1969. En arrivant dans la stationnement, nous constatons que l’endroit est très touristique car il y a de petits vendeurs de babioles partout. La piste qui suit le cratère est très bien aménagée sur environ la moitié du pourtour. Bon, pour vous donner une idée de l’atmosphère qui y règne, il y a une forte odeur de soufre qui flotte dans l’air car les gaz s’échappent du fond du cratère. Tout à fait impressionnant! Nous poursuivons au-delà du sentier balisé pour faire le tour complet du cratère. Le sentier se poursuit mais il est beaucoup plus difficile. Disons que pour l’emprunter, il faut avoir le pied solide, les jambes fortes, ne pas avoir peur des hauteurs et être en excellente forme physique. Nous rencontrons seulement un autre couple en chemin. Marche magnifique, paysages extraordinaires et tranquillité en prime!
Nous reprenons ensuite la route vers 11h30, à destination de Pangandaran, qui se situe au sud-est. C’est en fait une station balnéaire située sur une presqu’île dont la pointe est un parc national.
Nous dînons vers 2h et on discute avec notre guide. Nous trouvons que nous sommes souvent sur la route. Nous décidons de laisser tomber Pangandaran et de continuer vers le plateau de Dieng.
Nous roulons jusqu’à 11h30. Nous avons arrêté 15 min pour souper à un petit restaurant sur le trottoir. Étant donné que la noirceur tombe à 6h, nous n’avons pas pu admirer le paysage. Nous trouvons un hôtel vétuste et pas cher maison mais on ne fait que dormir.
Le mercredi 18 juillet
On se lève à 7h, déjeuner devant la chambre puis départ à 7h30 en direction du plateau de Dieng.
La route monte à 2000 mètres d’altitude et on se retrouve en fait dans un ancien cratère d’un volcan qui est rentré en éruption il y a plusieurs milliers d’années . Des hindous y ont construit plusieurs temples il y a mille an. Tout a été oublié et enseveli avec le temps. Plusieurs années plus tard, les hollandais ont drainé l’endroit et ont découvert une centaine de temples.
Nous retournons sur nos pas pour se rendre au temple de Boroboudur, le plus grand temple bouddhiste au monde. Il a été construit vers les années 800 puis une éruption volcanique l’a recouvert de cendres vers l’an 1100. Les habitants se sont déplacés puis le temple a été oublié. Encore une fois, les hollandais, qui colonisaient le pays l’ont redécouvert en l’an 1810. La visite est chère mais on veut absolument le voir. C’est un des endroits qu’on ne voulaient pas manquer à tout prix. En 1971, on a démantelé les 7 derniers étages, pierres par pierres, 1,5 millions en fait pour tout remettre en place en 1991.
Nous continuons la route jusqu’à Yogyakarta et nous passerons 3 nuits ici. C’est le centre culturel du pays.
Nous allons manger dans un petit restaurant. Andrée a mal à la george, alors elle se couche tôt .
Le jeudi 19 juillet
Nous changeons d’hôtel juste en face parce qu’il est moins cher et plus approprié pour nous. Nous marchons jusqu’au palais du sultan. Malheureusement, il est fermé ce matin mais il ouvrira à 2 heures. Plusieurs personnes nous accostent dans la rue pour nous le répéter. En fait, aussitôt qu’on se débarasse d’un de ces soi-disant bons samaritains, un autre prend la relève. Nous sommes sceptiques et nous allons voir sur place, en fait à une autre porte, qui n’est pas la bonne mais on ne le sait pas. On essaie de confirmer avec deux touristes qui en ressortent et il nous disent que plusieurs portes sont en effet fermées. On passe la matinée à flâner dans le marché principal et les boutiques de batik.
Nous revenons au palais à 2 heures à la bonne porte et c’est à ce moment qu’on réalise qu’on s’est fait avoir: le palais était bel et bien ouvert le matin et ferme à 2 heures. Quel est l’intérêt de mentir ainsi aux touristes? En discutant, nous réalisons que toutes les personnes qui nous ont affirmé que le palais était fermé nous proposaient d’aller dans leur boutique ou faire quelque chose d’autre. Nous refusions toujours cependant. C’est de la vente sous pression, c’est bien connu.
Nous revenons à l’hôtel et Andrée fait une sieste. Sa grippe ne s’améliore pas pour l’instant. Après sa sieste, souper puis retour à l’hôtel.
Le vendredi 20 juillet
On se couche tellement tôt qu’on se réveille de bonne heure, avec le soleil, vers 5h00. En fait vous aurez deviné : c’est le chant des prières! Nous partons à 8h00 avec notre guide pour visiter un atelier où on fabrique et vend des batiks. C’est un art très répandu ici. Le principe est de tremper une toile dans des teintures mais à chaque fois, il faut en recouvrir une partie avec de la cire pour éviter cette partie de prendre cette couleur. C’est vraiment artistique ce qu’ils peuvent faire. On admire plusieurs belles pièces de batik et c’est le départ.
Nous nous reprenons d’abord par visite du palais du sultan qui est plutôt ordinaire.
Nous nous rendons ensuite au complexe de Prambanan, un autre centre sur la liste de l’UNESCO. C’est un ensemble de temples hindous construits dans les mêmes années que le temple bouddhiste de Borobudur mais à quelques kilomètres de ce dernier. Ils ont été abandonnés probablement pour la même raison : l’éruption du volcan Merapi (3000 m), que l’on peut voir à l’horizon. D’ailleurs celui-ci est toujours actif et sa dernière éruption a eu lieu il y a tout juste deux ans (2010). Tout d’abord nous arrêtons voir le temple Sambisari qui a été découvert en 1966 par un fermier. Il était enterré à 6 m sous terre, sous les cendres volcaniques.
À 10 km plus loin, on trouve les 6 gros temples côte à côte. Nous passons presque 2 heures à cet endroit. Nous revenons à l’hôtel vers 2h30 et nous prenons un petit repos à l’hôtel.
Nous profitons du temps libre pour visiter des petites boutiques de batik et faire des achats. Ça nous rappellera de beaux souvenirs.
Le samedi 21 juillet
Journée de déplacement aujourd’hui : de Yogyakarta au mont Bromo, environ 350 km… Ça veut dire environ 12 heures, avec un peu de chance. La route nationale ici est une simple route qui croise, sans accotements. Oubliez les belles autoroutes canadiennes! De plus, le trafic y est toujours infernal (il y a 130 millions d’habitants sur l’île de Java) et on zigzague constamment entre tout ce qui se trouve sur la route. En revanche, les paysages sont magnifiques : larges plaines couvertes de rizières avec des montagnes volcaniques en arrière plan. En passant, les casques sont obligatoires en moto mais ça, ce n’est que la loi… Reste à la faire respecter, un vrai défi. Il y a souvent une petite famille sur une seule moto et les enfants n’ont pas de casque, la plupart du temps.
Aujourd’hui c’est le début du Ramadan. Alors notre chauffeur nous a expliqué que ce matin, sa famille s’est levée à 3h30, pour manger ensemble et pour la prière. Il va jeûner toute le journée jusqu’au coucher du soleil. Je crois que ça dure un mois environ. Puisque ce n’est pas tout le monde qui jeûne, il y a quand même de petits restaurants ouverts un peu partout.
En fin de compte nous arrivons 2 heures plus tôt. Nous sommes maintenant en altitude et les flancs de montagne sont couverts de plantations de choux, tomates, patates, oignons, bananiers, etc. C’est bien connus que les sols volcaniques sont très fertiles, malgré le fait que c’est plutôt comme une poussière noire. Notre petit motel est plutôt cher mais on n’a pas le choix car l’endroit est très prisé des touristes et les prix sont gonflés. Par contre nous sommes au bout de la route et nous avons le cratère du Bromo devant nous, en contrebas. On flâne et on prend le temps d’admirer le coucher du soleil sur le volcan. On se couche tôt car nous devons nous lever à 3h15, en plein milieu de la nuit quoi!
Le dimanche 22 juillet
On se lève effectivement à 3h15 car u chauffeur de jeep vient nous chercher à l’hôtel pour nous amener à un point d’observation du lever de soleil (vers 5h30), sur une montagne avoisinante. On se pense au bout du monde mais en fait, de nombreux touristes comme nous sont également présents. Qui dit touristes dit boutiques. On y trouve de petits restaurants, des gens qui vendent toutes sortes de babioles, et d’autres qui louent des manteaux (c’est vraiment pas chaud). On se trouve un endroit où regarder car il y tant de monde au point d’observation. En fait, plus de 200 jeeps y sont entassées. Par contre, la vue est magnifique. Le mont Bromo et ses voisins, qu’on ne voyait pas au début, prennent de plus en plus de couleurs. Juste derrière, le volcan Semeru, le plus haut de Java (3700 m) ajoute à la splendeur du paysage.
Par la suite, déplacement en jeep au pied du volcan Bromo pour marcher (2 km) jusqu’au bord du cratère. Cette fois, ce sont des chevaux qu’on propose aux touristes, et il y en a beaucoup en fait. Ceux-ci soulèvent la poussière ou plutôt les cendres volcaniques tout autour des gens qui marchent en se couvrant le nez et la bouche. Au bout du sentier poussiéreux, 250 marches à flanc de montagne nous attendent et on les grimpe à la queue leu leu pour arriver tout en haut du cratère. Il ne faudrait pas y tomber car il est très escarpé et termine par un trou rempli d’un lac sulfureux qui semble en ébullition.
Nous reprenons la route à 9h puis roulons 5h jusqu’à notre dernière destination de Java, Ketapang d’où un traversier nous amènera sur l’île de Bali. Cette fois, nous avons un hôtel plus luxueux, piscine, buffet. Notre guide a réussi à l’avoir 3 nuits pour 100$. Nous allons nous reposer ici et faire une excursion sur un volcan.
Le lundi 23 juillet
Andrée se lève tard ce matin. Elle a dormi 12 heures. Par contre, sa grippe ne s’est pas améliorée, c’est maintenant une sinusite. L’hôtel offre de faire venir un médecin. Un docteur arrive avec sa trousse, mais il ne parle pas bien anglais. La réceptionniste de l’hôtel sert d’interprète. Le docteur propose à Andrée un traitement traditionnel chinois, de l’acupuncture. Andrée insiste pour avoir plutôt des antibiotiques et après maints pourparlers, elle obtient finalement ce qu’elle veut. Elle est maintenant aux antibiotiques. Nous restons à l’hôtel toute la journée.
Notre hôtel est composé de villas qui regroupent chacunes 4 appartements. Elles sont dispersées dans un jardin de cocotiers. Le restaurant n’a pas de murs, il est ouvert sur l’extérieur, et il y a une belle piscine sur le complexe. Cet hôtel fait partie des circuits touristiques des voyages organisés. Les autobus touristiques y viennent pour une nuit avant de traverser à Bali.
Le mardi 24 juillet
Nous partons avec un chauffeur de jeep à 6h pour se rendre au plateau de Ijen. C’est l’aventure, tout ce qu’il y a de plus authentique. Après 90 min de route et une montée difficile sur une route de jungle à moitié détruite (là on comprend pourquoi il faut un jeep), nous arrivons au parc national Baluran. Il faut suivre un sentier à la marche pendant 3 km (en montant en pente raide) pour arriver au cratère du volcan Rawah Ijen. Mais ce qui est le plus impressionnant ici, c’est de croiser les hommes de la région qui montent comme nous pour aller chercher des dépôts de soufre déposés sur les rebords du lac qui remplit le cratère. Travail difficile, dangereux, éreintant et mal rémunéré (pour nous du moins car ils reçoivent environ 6 dollars pour 160 livres soit un voyage allez-retour). Ces hommes sont assez petits et trapus et à les regarder, on ne penserait pas qu’ils peuvent transporter de telles charges. En effet, ils doivent monter les flancs du volcan jusqu’au cratère (c’est déjà une marche assez difficile pour quiconque), détacher des blocs de soufre au fond du cratère, puis redescendre avec près de 200 livres de soufre sur les épaules. Et ils le font chacun au moins deux fois par jour. Je vous jure que c’est difficile à imaginer faire ce travail car c’est fatiguant pour nous d’aller les voir et faire seulement l’aller-retour. De plus, ils n’ont pas l’air malheureux et nous saluent tous, avec un beau sourire. En haut du cratère, il y a une vue magnifique sur le lac qui contient de l’acide sulfurique. Sur le chemin du retour, le chauffeur nous arrête quelques instants pour observer de plus près des plantations de café et de clous de girofle. Nous revenons à l’hôtel vers midi.