Le mercredi 11 juillet
Lever tôt ce matin : nous sommes debout à 6h pour le départ vers l’aéroport. Un taxi vient nous prendre à l’hôtel et nous amène à l’aéroport à la vitesse de l’éclair (il en profite vu que le trafic n’est pas trop dense, on dirait qu’il se prend pour un pilote de Formule 1). Bon, nous arrivons en vie à l’aéroport et avons amplement le temps de déjeuner (soupe aux nouillles, miam!). Le temps semble vouloir être ensoleillé, le problème est que le ciel est toujours couvert de smog? Ou c’est peut-être l’humidité mais j’en doute, j’opte pour le smog. En passant, les gens fument dans les endroits publics sans restriction ici. C’est surprenant pour nous. L’avion décolle vers 9h50, dommage on ne voit presque rien à cause du couvert nuageux. Et des nuages, il y en a beaucoup, il pleut à l’arrivée. Un jeune guide nous attend pour nous amener à notre hôtel. Nous y serons pour une nuit car notre expédition de 4 jours/3nuits commence demain.
Il pleut, ce qui n’est pas commun pour la saison. Le guide nous a dit qu’il y a beaucoup de changements de température ces derniers temps à cause du réchauffement planétaire. On attend un peu à l’hôtel et vers 2h00, on décide de partir à pied pour le centre de la ville/village de Pangkalanbun. Avez-vous jamais été le centre d’attraction de tout le quartier en prenant une marche? Il y a TRES peu de touristes qui prennent la peine d’arrêter dans cette petite ville car la plupart du temps, ils passent de l’aéroport directement au parc national de Tanjung Puting, pour voir les orangs – outangs. Dans notre cas, nous devions attendre qu’un bateau se libère et ainsi prendre un hôtel pour une nuit. En fait, ça faisait notre affaire car nous aimons les populations locales. Donc nous marchons vers la ville et en profitons pour bifurquer dans les petites rues le long de la rivière et les quais qui la bordent, là où toutes les constructions sont sur pilotis. Ça nous parait très pauvre ici mais les gens sont tous souriants et très amusés par notre passage. Ils nous saluent tous et acceptent volontiers de se faire prendre en photo (et nous prennent en photo avec eux). Nous arrêtons manger dans un peit restaurant et mangeons à l’Indonésienne (avec les doigts) car on ne nous donne pas d’ustensiles cette fois-ci.

Retour à l’hôtel en marchant encore, sous les regards toujours amusés de la population. Une fois arrivés, nous faisons une saucette dans la piscine (hôtel de luxe mais ce n’était pas notre choix vraiment). Puis notre guide nous rencontre en soirée pour nous expliquer comment ça se déroulera demain.
Observations : Ici comme en Asie du sud-est, les gens ne peuvent se payer le luxe de prendre soin de leur environnement. Ils jettent tout dans la rivière, qui devient un dépotoir à ciel ouvert. Les toilettes s’y déversent aussi mais c’est dans cette même rivière qu’ils font la lessive!
L’île de Bornéo est à 85% musulmane. Devinez ce que ça veut dire: les mosquées partout et les haut-parleurs qui récitent la prière plusieurs fois par jour dont la première est à 5h00 du matin.
Le jeudi 12 juillet
Nous attendons le départ ce matin. Notre expédition se déroule à travers le parc national Tanjung Puting, situé au sud de Kalimantan central. Cette région du monde est couverte d’une forêt tropicale qui disparait à vitesse grand V, modernisation oblige, pour faire place à des plantations de palmiers exploitées pour l’huile de palme. C’est aussi un des deux endroits où l’on trouve les orangs – outangs, qui se trouvent aussi sur l’île de Sumatra. Le parc national abrite une grande diversité d’autres espèces animales aussi dont les singes à trompe, qui sont endémiques à cette région du monde, et la panthère nébuleuse (allez voir sur Internet).

Nous partons vers 11h pour le port de Kumai, où nous attend notre bateau, un klotok.Nous avons aussi la surprise de constater que le bateau est entièrement pour nous, avec notre guide, un capitaine et un assistant capitaine, qui sont tous assez jeunes.
Nous partons remonter la rivière Kumai pour atteindre l’entrée du parc national. En chemin, nous frappons un orage torrentiel qui est aussi soudain que court. Le bateau a plusieurs bâches pour le protéger de tous les côtés car nous sommes sur la plateforme, c’est le meilleur point de vue pour surveiller tout ce qui bouge.
D’ailleurs ça ne prend pas de temps avant d’apercevoir des animaux : des dauphins d’eau douce, des singes, des oiseaux.

Nous arrivons à un point d’arrêt vers 2h30 car c’est une station de ranger où les orangs – outangs sont nourris dans la nature car plusieurs d’entre eux sont des animaux anciennement en captivité qui ont été relâchés dans la nature. Ils ont besoin d’un certain supplément de nourriture pour survivre. C’est absolument captivant de voir ces animaux dans la nature. Ils ont l’air tellement intelligents et ils sont extrêmement habiles de leurs quatre pattes.
On repart vers 4h30 pour continuer plus loin sur la rivière où on jette l’ancre pour la nuit. Le capitaine est également cuisinier, nous sommes littéralement choyés. Quelle belle expérience. Plus il fait noir, plus les étoiles illuminent le ciel et plus on entend le bruit des insectes et grenouilles. Nous dormons à la belle étoile sur le pont sous un filet à moustiques. Il y a plusieurs cris étranges produits par les singes et toutes sortes d’autres bruits inconnus, mais pas assez pour nous empêcher de dormir.

Le vendredi 13 juillet
Il pleut averses ce matin. Tout est tranquille sauf pour les grenouilles, qui s’en donnent à coeur joie, et quelques oiseaux. Les singes doivent être misérables car la plupart n’aiment pas la pluie. Nous déjeunons avec une omelette, des toasts françaises avec beurre d’arachides et confiture, et du café, puis naviguons sur la rivière qui devient de plus en plus étroite. Nous faisons escale à un autre centre où on nourrit les orangs-outans. C’est le même processus qu’hier. Les autres touristes semblent tous être allemands.
Par la suite, nous rencontrons un couple de québécois avec lequel nous discutons pendant un bout de temps. Nous poursuivons la remontée de la rivière pendant deux heures pour atteindre le camp le plus loin, qui était originalement un centre de recherche sur les orangs – outangs, établit par une canadienne il y a plus de 40 ans et qui sert maintenant de centre pour les rangers du parc. La chercheuse en question, Dre Galdikas a marié un indonésien et vit toujours ici. Elle a dévoué sa vie entière aux orangs – outangs, qui sont malgré tout en danger d’extinction. Durant notre trajet, nous observons quelques singes, un crocodile et des papillons de toutes les couleurs. Le ciel s’éclaircit peu à peu. Nous arrivons à la deuxième station, le camp Leaky, et dinons à bord du bateau avant d’aller explorer. Nous partons à pied en suivant une piste dans la forêt et en fait, nous suivons une femelle orangs – outang qui marche tranquillement devant nous. Elle se dirige au même endroit que nous, au site où les rangers les nourrissent. Très intéressant de la suivre ainsi et en plus, il ne faut pas la dépasser car elle est la dominante du groupe et a supposément tout un caractère : elle peut nous mordre! En arrivant à la plateforme, on a droit à tout un spectacle car il y a aussi un singe Gibbon qui est un habitué de la place et se laisse facilement approcher et photographier.

Aussi, il y a des sangliers sauvages qui se promènent sous la plateforme pour manger les restes. Finalement, le mâle dominant est dans les parages et il fait fuir tous les autres orangs – outangs. Il y a de quoi car il pèse environ 300 livres. Quand il décide d’avancer vers nous, il faut lui céder la place sinon c’est à nos risques et périls. En revenant au bateau, un goûter nous attend sur la table mais nous n’avons pas la chance d’y goûter car 3 singes macaques sautent sur le pont à toute vitesse et chippent tout ce qu’ils peuvent. Le cuisinier nous refait des bananes rôties une fois repartis. Nous jetons l’ancre pour la nuit moins d’une demi-heure plus tard, dans un coin tranquille de la rivière, juste à côté d’un groupe de singes à trompe qui eux, ne volent pas la nourriture humaine car ils mangent des feuilles. Par contre, c’est très amusant de les voir interagir et d’entendre leurs cris. C’est impressionnant de les voir sauter d’un arbre à l’autre puis de s’installer le plus haut possible, sur une branche minuscule pour y dormir.
Le samedi 14 juillet
Tout est calme le matin et nous dormons avec les bruits habituels de la forêt quand soudain on entend un bruit dans la rivière près de nous. Ça fait tout un vacarme. Ce serait apparemment un gros poisson.
Nous déjeunons tôt car nous allons faire une piste dans la jungle, accompagnés d’un garde forestier, en matinée. Le départ dans la piste commence à 9h avec le guide et le ranger, qui est un dayak, une des ethnies de l’île de Kalimantan. Il est un peu plus âgé que Marc-André et juste pour vous donner une idée, il se déplace en petites sandales (gougounes) alors que nous portons souliers fermés et bas remontés par dessus nos pantalons vu qu’il y a de petites sangsues qui se retrouvent facilement dans nos pantalons (par quel tour de magie?). Bon, alors nous marchons et passons de découverte en découverte car la biodiversité est impressionnante. On se fait expliquer tout plein de choses et vraiment, le ranger peut répondre à toutes les questions. Ces rangers travaillent depuis des années pour le centre de recherche sur les orangs – outangs. En gros, ils suivent les orangs – outangs jour et nuit dans la jungle pendant plusieurs jours, pour les étudier. On voit des fourmis géantes (vraiment, elles mesurent un centimètre et demi!), des papillons, des araignées et des trous de tarentules, des termites, des oiseaux, des chauve-souris et bien sûr, des orangs – outangs. On termine la marche vers midi et on retourne dîner sur le bateau. La pluie se met à tomber pendant 2 heures et c’est le moment de prendre un petit repos. On repart ensuite vers la station où les orangs – outangs sont nourris et ensuite au centre d’interprétation pour en apprendre davantage sur les débuts et l’évolution de la station de recherche et du parc national.
Nous sommes les derniers à repartir en bateau et nous descendons la rivière jusqu’à un point tranquille pour la nuit. La noirceur tombe vers 18h ici : beau ciel de toutes les couleurs, cris des cigales et grenouilles. Nous soupons sous les chandelles puis Mikki, notre guide nous présente le documentaire ‘Born to be wild’ sur son portable. Le capitaine et son assistant assistent également à la présentation car ils ne l’ont jamais vu non plus. C’est un documentaire IMAX filmé ici au parc national. On reconnait plusieurs endroits visités ainsi que les orangs-outangs avec l’aide de notre guide qui les nomme tous. C’est notre dernière nuit sur le bateau, ça passe tellement vite! Je ne l’ai pas encore mentionné mais nous sommes traités comme des rois sur le bateau. Le capitaine, son assistant et notre guide s’occupent de tout : cuisine, vaisselle, ménage, installation des matelas et du filet à moustiques pour la nuit, etc. Et ils pointent tous les animaux qu’ils aperçoivent, avec explications en plus. Le gros luxe, quoi!
Le dimanche 15 juillet
Il a plu toute la nuit. Heureusement que le ponton est bien recouvert. Nous suivons le rythme du soleil car on se réveille à 6h sous les bruits des singes à trompe qui se chamaillent. Ils sont très actifs le matin sur le bord de la rivière et entrent dans les terres un peu plus tard. Le déjeuner est servi vers 7h et nous reprenons la route en sens inverse car c’est notre dernière journée d’excursion. Nous faisons tout de même un arrêt à la première station pour observer une dernière fois les orangs – outangs. En route nous voyons un serpent dans l’eau, plusieurs singes et un superbe martin-pêcheur aux couleurs flamboyantes. De retour sur le bateau, la pluie recommence… Contrairement à ce qu’on pourrait penser, nous sommes dans la saison sèche! La pluie serait une conséquence de la déforestation massive de ces dernières années.
Bon, là encore on voit des animaux en route : un crocodile qui se repose tranquillement sur une branche flottante, un gros faucon,
Nous arrimons au quai vers 3h puis notre guide nous amène à l’aéroport. Nous prenons l’avion tel que prévu et retournons à Jakarta. Nous reprenons nos valises puis sortons de l’aéroport à 7h. Il fait plus chaud qu’à Kalimantan et l’air est plus sec.

Ah oui, nous avions oublié le fameux trafic de Jakarta… Nous passons trois heures à essayer d’en sortir pour arrêter passer la nuit en banlieu, au sud. Il est presque 10h quand nous arrivons à l’hôtel mais il y a toujours autant de monde dehors. Est-ce qu’ils dorment la nuit?