Du 14 au 17 mars Iloilo sur l’île de Panay
Il y a des jours où peu importe ce qui était prévu, tout se déroule hors de notre contrôle. Alors voici comment s’est passée cette fameuse journée du 14 mars. Nous sommes arrivés la veille au soir à Manille en provenance de Kota Kinabalu (Malaisie) sur un vol de Air Asia et avons dormi dans un complexe de condos tout près de l’aéroport. Nous nous levons tôt le lendemain, donc le 14 mars, pour prendre notre prochain avion vers Iloilo (ça se prononce ilo-ilo). À 8h nous sommes déjà à la sécurité et nous nous rendons à la porte d’embarquement pour le vol de 9h30. Jusqu’à présent, tout se déroule comme sur des roulettes. Le terminal est petit, encombré de gens avec leurs bagages, pas assez de sièges pour s’asseoir alors il y a du monde partout par terre à attendre. Il n’y a pas d’écran électronique à proximité pour indiquer l’état des vols. Ceux-ci sont indiqués par des affiches en carton à chaque porte d’embarquement. Les annonces faites au microphone sont difficiles à comprendre vu l’écho dans le terminal et l’accent en anglais qui est différent de ce que nous connaissons. Notre vol est annoncé deux fois au microphone, pour nous aviser de retard. Il est maintenant à 10h30. Tout à coup, nous entendons nos noms au microphone (avec plusieurs autres) ainsi qu’un avertissement de dernier appel pour notre vol. Marc-André se rend au comptoir pour se faire dire que nous ne sommes pas à la bonne porte et qu’il faut aller en bas. Nous courons (c’est la débandade parmi les autres passagers aussi) et en arrivant à la porte on se fait simplement dire qu’il est trop tard et que l’avion est parti!! Bon là, vraiment, nous ne comprenons pas du tout ce qui s’est passé. Une autre cliente qui a aussi manqué le vol nous dit de la suivre au comptoir des plaintes de la compagnie (Cebu Pacific). En arrivant au comptoir il faut prendre un numéro. Nous avons le E177 et ils sont en train de servir le E107. C’est bourré de monde et il ne passe que 3 clients en une demi-heure. Bon, il est temps de changer de stratégie ou nous allons passer la journée ici à attendre. Nous décidons d’acheter un autre billet en ligne pour le jour même. Une chance qu’on a le téléphone cellulaire. Ça fonctionne bien jusqu’à la section du paiement. La carte de crédit n’est pas acceptée. Bon, il va falloir téléphoner à Visa pour en avoir le coeur net. Sauf que notre carte sim ne nous permet pas de téléphoner. On peut seulement utiliser l’internet. On se branche difficilement sur le wifi de l’aéroport. Nous réussissons de peine et de misère à parler à un représentant Visa mais ils soupçonnent une tentative de fraude sur la carte et ils ne veulent pas la débloquer tant qu’on ne pourra pas reconnaître cette transaction. Après plus d’une heure à parlementer ils nous laissent utiliser la carte pour racheter un autre billet d’avion mais notre départ est maintenant en soirée. Une fois de plus, le vol a du retard et la porte d’embarquement est changée mais cette fois-ci, nous surveillons tout de très près. Nous arrivons finalement à Iloilo vers 22h au lieu de 10h. Quelle saga!!
Au premier abord, la ville de Iloilo semble n’avoir de beau que son nom. Étant la plus grosse ville (450 000 habitants) sur l’île de Panay, elle a connu ses heures de gloire à la fin du 19e siècle, en particulier grâce aux plantations de canne à sucre. La production de riz, d’abaca (une fibre obtenue à partir d’un type de bananier et utilisée pour faire de la corde à bateau), de charbon et de textiles a aussi contribué à son essor. Aujourd’hui la vieille ville a plutôt un air négligé. Comme la plupart des villes des Philippines, elle est salle, congestionnée par tout ce qui roule, en plus d’être polluée par les émissions de « tout ce qui roule ». Ceci n’empêche pas les Philippins d’arborer leur plus beau sourire lorsqu’ils nous croisent et de se montrer toujours gentils et courtois. Nous avons pris un hôtel un peu en dehors du centre-ville, dans un quartier un peu plus cossu. Nous profitons donc de nos 3 jours ici pour relaxer et refaire le plein d’énergie car à part un musée et un beau sentier aménagé le long de la rivière, il n’y a pas grand-chose à voir.
Du 17 au 18 mars Bacolod sur île de Negros
L’île de Negros est juste à l’est de l’île de Panay. Ces îles sont toutes deux comparables pour le fait qu’elles ont connu un peu le même essor grâce aux plantations de canne à sucre. Pour bien comprendre il faut se transporter dans les années 1850, lorsque les « colonies » approvisionnaient les pays dominants en matières premières. C’est d’ailleurs entre 1850 et 1900 que ces deux îles ont été presque entièrement déforestées pour faire place aux cultures de canne à sucre et autres. Aujourd’hui il ne reste que 4 % de la superficie de Negros qui conserve un couvert forestier. En gros, ce sont des régions difficiles d’accès, on parle ici d’un parc national entourant le mont Kanlaon, un volcan toujours actif situé au nord, et un autre parc constitué de deux lacs de cratères (Twin Lakes National Park) situé au sud de l’île. Le traversier Iloilo-Bacolod prend moins de deux heures. Bacolod, au nord-ouest de Negros est très similaire à Iloilo. En tout cas son centre-ville n’a rien de plus attrayant. Ici lorsque nous marchons en ville, nous sommes sans cesse sollicités par des gens pauvres et des enfants. C’est plutôt frappant. Aussi, en marchant le long d’un trottoir très achalandé j’ai senti qu’on m’avait poussée dans le dos. Je me suis tout de suite retournée et j’ai pris mon sac à dos à l’avant pour constater que la pochette extérieure avait été ouverte. Mais naturellement il n’y avait rien dedans à part des mouchoirs et autres babioles. OK, j’ai compris le message. Ici le sac se transporte à l’avant!
Au centre-ville de Bacolod se trouve un centre de conservation de la nature (Fondation environnementale pour la nature) ayant pour but de préserver les espèces natives de Negros. En gros il y a des cages avec des animaux endémiques à l’île qui sont pour la plupart en voie d’extinction. Les causes principales sont la perte d’habitat (la fameuse déforestation), la surpopulation humaine et le braconnage. Parmi ces espèces il y a par exemple le cerf du Prince Alfred et certaines espèces d’oiseaux comme la Gallicolombe de Negros. Ce parc est donc notre seule chance de voir ces animaux qui sont devenus extrêmement rares.
En fin d’après-midi nous allons visiter la deuxième attraction : les ruines d’une ancienne demeure (un vrai petit château) construite par un riche propriétaire de cultures de canne à sucre. Son histoire est du genre romantique car il l’avait fait construire pour sa femme (au début du siècle dernier), qui est malheureusement morte à la naissance du 11e enfant. Le design comprend plusieurs témoignages de son amour pour elle. La demeure a eu une fin tragique durant la seconde Guerre mondiale car elle a été brûlée volontairement par les Américains en retraite face aux Japonais. Il ne reste donc qu’un squelette de ciment pour témoigner de la grandeur et de la beauté de cette demeure.
Du 18 au 21 mars Zamboanguita
L’autobus qui traverse l’île de Negros du nord au sud est un peu lent mais il a l’avantage de nous permettre d’admirer les paysages magnifiques tout au long du trajet. Surtout que ceux-ci sont variés puisque nous longeons d’abord la côte ouest pour contourner le volcan Kanlaon puis à peu près au milieu de l’île, nous coupons vers les montagnes et les traversons vers le sud-est. Nous passons à travers champs de canne à sucre, rizières, plantations de cocotiers, montagnes avec vues sur la plaine côtière pour finalement terminer par des petits villages en bord de mer. Nous arrivons à Dumaguete en 6 heures 30 minutes. Après un court repos, nous reprenons un dernier bus, plus local cette fois, pour notre destination finale, une petite municipalité côtière du nom de Zamboanguita.
Plusieurs stations balnéaires (avec centres de plongée) parsèment la côte le long de la route qui mène à Zamboanguita. Ceci explique peut-être le fait qu’il y a très peu de touristes qui restent dans le village même. Les touristes vont pour la plupart directement dans ces stations balnéaires. Nous avons donc l’impression d’être dans un endroit un peu perdu et pourtant, nous sommes ici pour une activité bien spéciale qui s’adresse spécialement aux touristes : le kitesurfing. Nous y passons les 4 prochains jours, dont 3 pour les leçons. En fait, il nous faudrait passer au moins deux semaines ici à pratiquer de façon intensive pour vraiment maîtriser ce sport qui est, somme toute, très exigeant en habiletés et en forme physique. Nous sommes tout de même heureux d’avoir pu apprécier les rudiments du kitesurfing. Nous faisons aussi des petites escapades dans les localités voisines pour aller voir le plus gros marché agricole hebdomadaire de la région à Malatapay et les plages de Dauin.
Du 21 au 23 mars Dumaguete
Pas de regrets en quittant Zamboanguita à bord du Jeepney qui nous conduit à Dumaguete. Il faut avouer que nous en avons assez du régime de riz blanc et viande (le poulet frit est même offert au déjeuner), du matin au soir. À ce rythme-là, le MacDo nous semble être de la grande cuisine! Saviez-vous que le riz avec poulet frit figure aussi au menu déjeuner du MacDo ici?!
Comme toutes les villes typiques des Philippines, Dumaguete est bruyante, congestionnée et empoisonnée par son trafic. Par contre elle est située en bordure de mer et ils ont eu la décence de construire une promenade pour piétons longeant la mer. Avec ses volcans en arrière-plan, il faut avouer que le site a du charme. D’ailleurs nous prenons la direction des montagnes en scooter pour aller voir la petite banlieue de Valencia, qui s’y trouve perchée en hauteur, et la chute Casaroro.