Du 27 février au 02 mars Maliau Basin Conservation Area
Saviez-vous que certains cerfs peuvent pousser des cris très forts et littéralement « aboyer » pour communiquer avec leurs pairs? Ou encore qu’il existe des cerfs pas plus gros que des lièvres? Nous avons eu la chance incroyable d’observer l’un et l’autre au parc Maliau Basin, un des derniers endroits de Bornéo à ne pas avoir été habité par l’Homme. Cet endroit fut découvert par hasard en 1947 par un pilote d’avion qui a failli s’écraser sur ses falaises. Son exploration scientifique a débuté en 1988 mais reste encore incomplète vu l’immense étendue de son aire (390 km2). Ce parc consiste en un bassin circulaire de 25 km de diamètre qui ressemble à ce qu’aurait laissé un météorite. Son origine est toutefois encore débattue. Il est entouré de falaises escarpées, restreignant ainsi son accessibilité. Le seul moyen de l’explorer est d’y aller à pied. Toutefois, il y a des infrastructures très bien développées juste au sud du bassin dont un centre de recherche et un centre de réception et d’information. D’autres infrastructures ont été construites à différents endroits mais elles sont difficiles d’accès et donc vouées à la science et non au tourisme. Il est à noter que la collaboration d’organismes internationaux (dont un du Danemark) et de quelques compagnies (Shell, IKEA) ont contribué au développement des infrastructures et au renforcement de la protection environnementale dans le parc.
Bon toujours est-il que l’endroit regorge d’espèces animales et végétales uniques et variées et c’est pour ça que nous y sommes. N’allez pas croire que nous faisons du camping en plein milieu de la forêt sauvage. Non, nous sommes dans une chambre confortable avec fan et salle de bain, le tout dans un complexe construit entièrement sur pilotis. D’ailleurs tout est sur pilotis ici. J’ose à peine imaginer la quantité de pluie qui doit tomber durant la saison des pluies. Vous aurez deviné qu’en ce moment c’est la saison sèche (et même presque la sécheresse) et c’est tout à notre avantage car ça nous évite deux gros inconvénients : les moustiques et les sangsues! Donc il n’y a pratiquement pas de moustiques et nous n’avons eu aucune sangsue sur nous suite à nos promenades en forêt (contrairement au parc précédent, Danum Valley, où Marc-André a fait le délice de plusieurs de ces petites bêtes).
Si vous voulez observer la nature, il faut vivre au rythme de la nature, ce qui veut dire au lever et au coucher du soleil. On pourrait aussi inclure la nuit mais il y a trop de risques de faire des rencontres plus dangereuses (par exemple l’ours malais ou sun bear et le léopard tacheté de Bornéo). Donc pendant notre séjour nous décidons de prendre des marches avant le déjeuner soit à partir de 6h, et en fin d’après-midi jusqu’au souper (de 16h à 19h), puis en soirée avec un guide (de 20h à 22h). Pour le reste, on prend des siestes et on essaie d’échapper à la chaleur. Cette stratégie fonctionne très bien car nous avons la chance d’observer des cerfs Sambar (et de les entendre pousser des cris surprenants!), un chevrotain (ce tout petit cerf pas plus gros qu’un lièvre), des sangliers, deux espèces de civettes, des écureuils, et plusieurs espèces d’oiseaux (voir liste ci-dessous). Un soir en marchant près de notre cabane, nous avons surpris deux cerfs avec notre lampe de poche. L’un des deux a poussé un tel cri que je ne sais pas qui entre lui et nous a eu le plus peur! Ouf!! Une chance que ce n’était qu’un cerf!
- Hooded pitta / Brève à capuchon
- White-crowned shama / Shama de Strickland
- Oriental dwarf kingfisher / Martin-pêcheur pourpré
- White-breasted waterhen / Râle à poitrine blanche
- Bornean crested fireback / Faisan noble
- Bornean spiderhunter / Arachnothère d’Everett
- Large green-pigeon / Colombar de Capelle
- Brown Wood-owl / Chouette leptogramme
En plus des pistes en forêt qui sont bien identifiées, le parc compte une tour d’observation haute de 19 m et un trajet sur des ponts suspendus permettant d’explorer la canopée, la strate supérieure de la forêt. Je vous jure qu’ils sont hauts ces arbres, et que la vision de la forêt est toute autre d’en haut!
Puisqu’il n’y a jamais eu de coupe forestière ici, on y trouve la forêt primaire, c’est-à-dire intacte ou encore forêt vierge. Ce parc est l’un des derniers endroits intacts à Sabah d’où le nom de « The lost world of Sabah ». Contrairement à ce que l’on peut croire, se déplacer dans une telle forêt n’est pas très difficile car la majorité des arbres sont immenses, laissant peu de lumière pour les plantes au ras du sol. En conclusion, le sol est plutôt dégagé n’étant couvert que d’un tapis de feuilles. Si l’on marche silencieusement et qu’on observe attentivement on peut donc voir des animaux au travers de la végétation.
Du 02 au 04 mars Keningau
Il n’y a qu’une route qui traverse le sud de Sabah d’est en ouest. Et c’est pour l’essentiel une route de camionneurs car ce sont les camions remplis de fruits des palmiers ou encore de l’huile de palme extraite des fruits qui y circulent le plus. Donc à part le parc protégé de Maliau Basin, il n’y a que des plantations de palmiers à perte de vue tout le long de la route. C’est vers l’ouest que nous reprenons l’autobus pour continuer notre route une fois sortis du parc. Nous atteignons la prochaine ville, Keningau, après 3 heures de brassage intensif sur cette route sinueuse. Il n’y a pas grand chose à faire dans cette ville de 100 000 habitants. Les travailleurs de la région y viennent pour s’approvisionner et se divertir les fins de semaine. Nous ne rencontrons aucun autre touriste car rares sont ceux qui empruntent ce trajet. Par contre, Keningau est située dans une vallée, juste au pied des montagnes où l’on trouve le parc national Crocker Range qui est notre prochaine destination.
Du 04 au 06 mars Parc national de Crocker Range
Quand on monte en altitude, la température se refroidit immanquablement. Nous en faisons l’expérience durant notre visite de deux jours au parc national Crocker Range. Pour la première fois nous portons nos pantalons longs le soir vu la bonne petite brise qui souffle sur les hauteurs. À 2 000 mètres d’altitude, le centre d’interprétation du parc offre une vue slendide sur la vallée en contrebas. Ce parc national est le plus gros parc de Sabah et ses montagnes s’étendent jusqu’au parc du mont Kota Kinabalu à environ 100 km au nord-est. La sécheresse qui sévit sur les zones forestières visitées précédemment n’a pas épargné cette région. Il n’y a donc pas de sangsues ni de moustiques sur les sentiers en ce moment. Par contre il y a toujours des oiseaux et nous voyons également un drôle d’écureuil avec les oreilles touffues et une très longue queue (son nom anglais est Tufted ground squirrel et Rheithrosciurus macrotis en Latin car je ne trouve aucun nom français) dont l’aire de répartition est exclusive à Bornéo. Quant aux oiseaux, c’est ici que nous apercevons notre premier perroquet (Blue-crowned Hanging-parrot / Coryllis à tête bleue) tout plein de couleurs vives. Le premier matin nous nous levons tôt pour observer des animaux mais à notre grande surprise, un épais brouillard recouvre les montagnes et celui-ci ne se dissipe que lentement à mesure que le soleil s’élève dans le ciel. Nous n’avons donc pas beaucoup de succès avec notre petite expédition matinale. Le lendemain matin, même chose mais il faut avouer que ce moment de la journée est presque féérique!