Du 13 au 15 février Kota Kinabalu
Autre pays, autres moeurs! Aujourd’hui marque la fin du premier tiers de notre voyage (aux Philippines) et le début du deuxième tiers (à Sabah, en Malaisie, plus précisément sur l’île de Bornéo).
Nous passons donc d’un pays de 110 millions d’habitants à majorité catholique pour un autre de 32 millions (3,5 millions à Sabah) à majorité musulmane.
Nous arrivons à Kota Kinabalu (KK pour les intimes) qui est la plus grosse ville de la province de Sabah avec plus de 600 000 habitants. Et quelle ville moderne avec ses édifices, son trafic ordonné et surtout silencieux. Tout un contraste avec Manille qui était tout sauf ordonnée. Après seulement quelques minutes sur place les souvenirs reviennent en mémoire puisque nous avons passé l’été en Malaisie il y a à peine deux ans : les mots, les expressions, la culture. C’est agréable de s’y retrouver. À Sabah nous utilisons beaucoup l’application GRAB pour nos déplacements. En fait c’est un concurrent de Uber et ça fonctionne de la même façon. Fini les argumentations avec les chauffeurs de taxi pour qu’ils utilisent leur compteur ou pour qu’ils nous rendent la monnaie! Dorénavant, on sait à l’avance qui vient nous chercher et combien ça va coûter. Un point c’est tout!
Une fois à KK nous devons compléter les arrangements pour nos visites ultérieures dans la province de Sabah. En effet, ici il faut des permis de visites et surtout, il faut réserver nos visites à l’avance car nous irons dans deux aires de conservation gérées par le ministère de l’environnement de Sabah. Nous nous rendons à leurs bureaux et finalisons le tout avant de prendre une longue marche le long de la baie.
Du 15 au 16 février Sandakan
Nous quittons KK en avion (eh oui, un vol de Air Asia coûte moins cher qu’un déplacement en autobus; le vol prend 45 min, l’autobus, 7 heures) et arrivons à Sandakan en après-midi. N’allez pas croire que c’est un petit village perdu au milieu de la forêt tropicale. Eh non, il y a 350 000 personnes dans cette ville tout à fait moderne. Et en passant, devinez ce qu’on voyait surtout du haut des airs… les plantations d’huile de palme bien sûr. Pour vous remettre en mémoire notre voyage en Malaisie d’il y a deux ans, ce pays est le premier producteur mondial d’huile de palme. Et ces plantations sont largement sur l’île de Bornéo. Au diable la déforestation et la biodiversité alors dépêchez-vous de venir voir certaines espèces qui se font de plus en plus rares. On n’arrête pas le progrès.
Nous passons directement de l’aéroport à notre site de visite : Sandakan Memorial Park (vous vous rappelez : GRAB!). Bon un peu d’histoire pour vous mettre dans l’ambiance. Durant la 2e Guerre mondiale, les Japonais ont attaqué et conquis plusieurs de leurs voisins asiatiques. En 1942, ils ont établi un camp de prisonniers de guerre ici à Sandakan et y ont transféré plus de 2 700 prisonniers Australiens et Anglais afin de les utiliser comme main-d’oeuvre pour construire une piste d’atterrissage. À mesure que la guerre progressait et avec l’avancée des Alliés dans la région Pacifique, les Japonais ont décidé de se débarrasser de ces prisonniers en leur faisant subir toutes sortes de mauvais traitements. Et pour en finir, ils ont forcé les prisonniers à marcher dans la forêt sur plus de 260 km. De tous les prisonniers de l’époque, seulement 6 ont survécu et c’est parce qu’ils ont réussi à s’échapper d’une façon ou d’une autre. Alors le parc en question est pour honorer la mémoire de ceux qui sont morts durant cette période sombre de l’histoire.
Du 16 au 19 février Sukau et le fleuve Kinabatangan
Serpentant sur plus de 560 km, le fleuve Kinabatangan est le plus long cours d’eau de la province de Sabah. Ses berges abritent une importante biodiversité malgré la déforestation et les plantations de palmiers à huile de palme, laissant une étroite bande de forêt le long de la berge. En se promenant en bateau sur le fleuve, on peut observer une faune assez impressionnante car les animaux ont tendance à se déplacer le long des bandes de forêt originales, donc le long des berges. Nous arrivons ici vers 15h et réservons tout de suite nos places pour l’expédition de 16h à 18h. C’est toujours excitant pour nous d’arriver dans ce genre d’environnement auquel nous ne sommes pas familiers. Tout nous impressionne. Les singes macaques et proboscis (endémiques à Bornéo), les calaos, ces gros oiseaux avec une corne sur le bec (il y en a 8 espèces à Bornéo), sans parler des autres oiseaux si colorés!
Nous sommes debout avant le soleil le lendemain, pour retourner sur la rivière. Cette fois-ci ce sont les oiseaux qui sont plus visibles. J’en inclus une liste (anglais/français) ci-dessous pour ceux qui seraient intéressés à chercher des images sur Internet (spécialement les calaos, ces gros oiseaux si fascinants, et les martin-pêcheurs, pour leur part très colorés).
- Oriental darter / anhinga roux
- White-bellied sea eagle / pygargue blagre
- White-crowned hornbill / calao à huppe blanche de Malaisie
- Oriental pied hornbill / calao pie
- Rhinoceros hornbill / calao rhinocéros
- Storm’s stork / cigogne de Storm
- Little heron / héron strié
- Purple heron / héron pourpre
- Great egret / grande aigrette
- Wallace’s hawk-eagle / aigle de Wallace
- Buffy fish-owl / kétoupan malais
- Common storkbill / martin-chasseur gurial
- Dusky broadbill / eurylaime corydon
- Chestnut munia / capucin à tête noire
- Oriental dollarbird / rolled oriental
- Oriental dwarf kingfisher / martin-pêcheur pourpré
En plus des oiseaux déjà listés, notre dernière expédition en bateau nous donne la chance d’ajouter deux espèces de primates à ceux observés auparavant : le macaque à queue courte et le semnopithèque à coiffe. Nous n’avons malheureusement pas la chance de voir des orang-outangs ou encore des éléphants pygmés durant nos 3 expéditions mais quelques visiteurs nous ont dit avoir aperçu les premiers.
Même si nous sommes dans un endroit reculé et que les gens parlent leur propre langue indigène, le modernisme a définitivement conquis la région. Ici il y a l’eau courante (non potable), l’électricité, le moteur à combustion utilisé pour les bateaux, les moyens de transport habituels (motocyclettes et automobiles), le téléphone mobile, la connexion Internet 4G, qui nous permet de rester en contact avec vous, à l’autre bout de la planète! Même s’il subsiste quelques communautés reculées en aval du fleuve, l’image qu’on se fait d’endroits où la civilisation moderne ne s’est pas encore implantée n’existe à peu près plus.