7 août Urumqi à Korla
Dans la province du Xinjiang, les minorités ethniques, dont les Ouïghours, ne parlent pas nécessairement le mandarin, et vice-versa. Par contre cette situation change peu à peu car les deux langues sont maintenant obligatoires à l’école. Ici tous les panneaux sont écrits en 4 langues dont le mandarin et l’arabe. Aussi, à notre grande surprise, nous sommes souvent abordés par de jeunes écoliers (Ouïghours plus particulièrement) qui nous parlent en anglais. Il est assez surprenant ce matin à la gare de train de constater le mélange ethnique qu’on y trouve. Les Kazaks en particulier nous ressemblent beaucoup, tout en ayant les yeux légèrement bridés.
La Chine n’a qu’un fuseau malgré la superficie du pays. En comparaison, c’est comme si Vancouver et Québec étaient à la même heure. À mesure que nous nous déplaçons vers l’ouest, le soleil se lève et se couche de plus en plus tard. Présentement le soleil se lève à 8h et se couche à 22h. Ce matin, nous allons prendre l’autobus de ville à 7h30 mais tout est fermé, trop tôt. La ville ne se réveille pas avant 8h! Par contre il n’est pas trop difficile de trouver un taxi pour se rendre à la gare.
À partir d’ici il n’y a plus de train à grande vitesse mais le train est toutefois assez rapide, surtout que ça permet d’éviter les contrôles routiers qui rallongent les trajets en autobus. Le paysage de déserts avec montagnes en arrière plan est hors du commun. Le train traverse même certaines collines grâce à des tunnels.
Arrivés à Korla nous nous attendons aux vérifications policières d’usage mais je crois qu’on ne nous voit pas dans la foule et je remarque que ce sont les gens des minorités qui se font mettre de côté pour inspection obligatoire. Bon on se dépêche de passer la tête basse… et ça fonctionne!
Avec son demi-million d’habitants, Korla n’est pas dans les guides touristiques et pourtant, malgré le fait qu’il n’y ait pas une attraction en particulier dans la ville, nous sommes agréablement surpris lors de notre promenade au centre-ville. Nous avons l’impression de retrouver la Chine plus libre et plus tranquille de la province précédente, le Gansu. Dans le parc principal (toujours clôturé malheureusement) plusieurs personnes jouent aux cartes avec passion et par petits groupes, tandis que d’autres dansent au son de musiques différentes. Il y a même un groupe de Ouïghours qui danse au son de leur musique traditionnelle.
8 août Korla à Kuqa
En Chine il y a plusieurs types de sièges dans les trains. Par contre cette fois-ci notre train n’a que des couchettes ou des banquettes à deux ou trois passagers. Que de mieux pour vivre l’expérience culturelle que de voyager parmi la population. Bon alors si l’on était au Japon, les gens seraient tous assis dans leur siège avec des écouteurs sur les oreilles et il n’y aurait pas un bruit dans le wagon (pas même une sonnerie de téléphone cellulaire). En Chine c’est très différent. Les gens changent de siège malgré celui assigné sur leur billet, ils se parlent les uns les autres même entre étrangers, plusieurs se lèvent ou se couchent un peu n’importe comment sur les banquettes, les enfants peuvent être assez bruyants, etc. Cependant, l’atmosphère est très conviviale. Une musique joue dans les hauts-parleurs. Nous ne sommes pas assis ensemble en entrant dans le wagon mais les gens sont gentils et se déplacent pour nous laisser asseoir l’un à côté de l’autre. L’espace est assez restreint mais nous sommes tout de même chanceux car il reste une place libre sur notre banquette et sur celle face à nous. Donc nous sommes 4 dans cet espace restreint au lieu de 6. En face de nous il y a un adolescent et son jeune frère tous les deux très calmes. Ils dorment tout collés l’un sur l’autre pendant une bonne partie du voyage. Je ne sais pas comment ils y arrivent car dans notre wagon un autre groupe décide de mettre sa musique très fort pour enterrer celle des hauts-parleurs. Cacophonie générale mais personne ne dit rien et plusieurs dorment malgré tout. C’est un don chez les Chinois : aussitôt qu’ils sont assis dans un moyen de transport ils s’endorment! Quant au paysage, c’est toujours désertique (beaucoup de cailloux, pas des dunes de sable) et on voit moins les montagnes. Trois heures plus tard, nous arrivons à Kuqa, petit patelin de 80 000 habitants autrefois majoritairement des Ouïghours mais maintenant dominé par les Chinois. Il reste que des parties de la vieille ville sont toujours vivantes et que c’est très intéressant de s’y promener. Par contre la présence policière est complètement disproportionnée ici et c’en est même ridicule. Même l’entrée et la sortie dans les anciennes ruelles est contrôlée par la police. Au retour on se fait accoster par un officier qui nous demande de voir nos passeports (je crois qu’il était plus curieux qu’autre chose mais bon sang que c’est tannant tous ces contrôles). Ah oui, et les contrôles en entrant dans les autobus de ville sont de mise ici…
On vérifie nos sacs et nos bouteilles d’eau. Mais bon, ce qu’il y a de plus fascinant dans cette ville ce sont justement les gens des minorités qui ont un air vraiment différent des Chinois en plus de leur propre langue. Et certains ont des yeux d’un vert qu’on ne voit jamais chez nous! Ici les femmes musulmanes ne portent pas le voile car il a été banni en Chine. Elles se couvrent la chevelure avec un petit foulard tout coloré et s’habillent en robe longue.
9 août Kuqa
Kuqa, située au nord du désert de Taklamakan, fut une ville importante pour la route de la soie entre le 3e et le 7e siècle, surtout grâce à sa situation géographique. De plus, c’est ici qu’est né un fameux traducteur des livres sacrés du bouddhisme en langue chinoise. Les montagnes qui bordent la ville sont extrêmement impressionnantes. Notre tour organisé nous en met plein la vue car on nous amène d’abord aux grottes bouddhistes de Kizil (où le site est de toute beauté) et ensuite au Grand canyon de Tianshan. Ici les formations rocheuses sont d’un rouge surréel et le bleu du ciel crée un contraste à couper le souffle.
Technologie gps : Contrairement à notre visite en Chine il y a 5 ans, nous avons maintenant accès à un gps, et quelle amélioration! Nous trouvons notre hôtel beaucoup plus facilement (à condition que le site de réservations en ligne l’ait bien positionné sur la carte géographique). Nous prenons souvent l’autobus de ville, 20¢, en suivant notre déplacement en direct grâce au gps. Le retour est d’autant plus facile car tout est indiqué sur la carte. Nous savons automatiquement où descendre, c’est pratique.