23 juillet Jiayuguan à Dunhuang
Les journées de transit entre deux villes nous donnent toujours des perspectives intéressantes sur la culture et le climat des différentes régions. C’est notre toute première fois de ce voyage en autobus longue distance. La raison : la gare est juste à côté de notre hôtel et c’est à peu près la même chose à l’arrivée. Et comme on peut s’y attendre, l’autobus est pleine (mais nous avons tout de même tous un siège). Donc départ à 9h pour un trajet de 5h à travers des paysages désertiques. Nous faisons 2 arrêts dans des villes en chemin pour déposer des passagers ou en prendre d’autres. On prend même un passager sur le bord de l’autoroute! À chaque arrêt, les fumeurs, ce qui veut dire pratiquement tous les hommes, se dépêchent d’en griller une tandis que les femmes courent aux toilettes. Quant au chauffeur, il fume en conduisant. Ce qui frappe sur la route ce sont les éoliennes qui se dressent par centaines dans le désert comme des géants immobiles (aucun vent, c’est le calme plat). Les politiques récentes du gouvernement chinois ont beaucoup favorisé le développement de la technologie verte, ce qui a eu pour effet de ramener la prospérité dans cette région riche d’histoire, mais délaissée économiquement pendant plusieurs années.
À l’arrivée, autre surprise : la chaleur intense du soleil! Le chapeau et les lunettes de soleil sont de mises. Et les rues semblent aussi désertes qu’en dehors de la ville. Bon ça prend un certain temps de s’organiser : hôtel, dîner, billets d’entrée pour demain, etc. En soirée nous sommes agréablement surpris par l’énorme marché qui serpente dans les rues du centre-ville et ses allées bondées maintenant que le soleil est plus bas. On y trouve de tout, de l’artisanat à la bouffe et c’est un vrai divertissement d’y déambuler,surtout qu’il n’y a aucune voiture ou mobylette dans cette grande aire piétonne.
24 juillet Dunhuang
Malgré le fait que Dunhuang soit une petite ville (190 000 habitants), elle est très connue par les Chinois à cause de son histoire liée à la route de la soie. En fait on y trouve un site du patrimoine mondial de l’UNESCO soit les grottes de Mogao. La naissance de celles-ci, creusées de mains d’Hommes, est étroitement reliée à la naissance et au développement de la route de la soie. Au 4e siècle, la relative stabilité de la région a assuré le passage de plus en plus de caravanes (hommes et chameaux) transitant les biens entre la Chine et le Moyen-Orient. En plus des marchandises, cette route a également favorisé les échanges culturels et la propagation des religions dont le bouddhisme originant de l’Inde. C’est ainsi qu’est arrivé le premier moine bouddhiste dans la région. Jugeant le site approprié pour méditer et prier, il décida de creuser une petite niche dans la paroi rocheuse afin de s’y installer. Bon il faut se remettre à l’époque et comprendre la vie dure et les nombreux périples d’un tel voyage pour ceux qui prenaient la route de la soie. Dunhuang n’était alors qu’une étape de leur long chemin mais c’était tout de même une étape cruciale car c’est littéralement un oasis dans le désert. Les valeurs de transcendance du bouddhisme ont alors répondu à un besoin de croire en quelque chose de plus que la vie même, en plus de prêcher la tolérance et la paix dans le monde. Avec le temps, les commerçants, les paysans et les empereurs successifs, ont creusé eux-mêmes, ou ont fait creuser, des grottes avec des représentations de Bouddha et des fresques colorées. En tout, le site regroupe 725 grottes creusées sur une période de plus de 1 000 ans. Ce qui les rend uniques est leur état de préservation. Spécifions qu’elles le doivent en grande partie au fait qu’elles sont tombées dans l’oubli avec le déclin de la route de la soie et ce, pendant 500 ans. C’est en 1900 qu’elles ont été redécouvertes un peu par hasard, avec la découverte d’une salle contenant plus de 50 000 artéfacts, manuscrits et peintures sur soie s’échelonnant du 4e au 11e siècle. Une vraie bibliothèque sur la culture bouddhiste! Plusieurs de ces artéfacts sont maintenant dispersés dans des musées à travers le monde dont le British Museum à Londres.
Fini le cours d’histoire… la visite du site est TRÈS structurée. Tout est contrôlé : présentation d’un film, navette qui nous amène au site, visite guidée de certaines grottes seulement avec une guide qui parle français. Mais il faut avouer que ce sont les grottes les plus belles et les mieux préservées que nous ayons vu en Chine! Et nous avons eu la chance en deux voyages de voir les 4 sites les plus renommés pour la culture bouddhiste.
25 juillet Dunhuang
Quand on pense au désert, on imagine d’immenses dunes de sable fin à perte de vue. Eh bien c’est exactement ce que l’on trouve en périphérie de la ville de Dunhuang : les immenses dunes de sable du désert de Gobi aux limites de l’oasis qu’est la ville. Et ici, au grand plaisir des touristes, on y trouve en plus des tours en chameaux, en hélicoptères, en deltaplane motorisé, des glissades sur sable, etc. Un vrai terrain de jeu quoi!
Mais nous ne sommes pas venus pour ça aujourd’hui. Nous sommes plutôt ici afin de réserver une expédition en chameaux pour plus tard. Pas toujours facile de trouver l’information alors nous sommes venus sur place juste pour ça. Au retour, nous arrêtons au musée de la ville qui en vaut bien le déplacement. Puis nous allons faire un petit tour au bord de la rivière Dang, qui est drôlement aménagée avec des sentiers flottants pour s’y promener ou la traverser, comme si on marchait sur l’eau. Je me demande combien de personnes tombent dans l’eau chaque jour! Une chance que ce n’est pas creux. Le reste de la journée se déroule tranquillement sous la chaleur torride du désert.
26 juillet Dunhuang (excursion au parc national Yadan)
Aux alentours de Dunhuang se trouvent plusieurs sites historiques qui ont marqué l’histoire de la route de la soie. Les tours guidés d’une journée en autobus sont une des meilleures façons d’en voir une bonne partie en assez peu de temps. Départ à 9h avec tout un groupe de touristes chinois (ah oui, il y a aussi deux américains à bord!). La guide responsable du groupe donne de longues explications tout au long du chemin (dommage que ce soit en mandarin). Principalement, les sites visités font partie d’un système de défense (tours d’observation et murailles) datant de la dynastie Han, environ 100 ans avant J-C. Ce qui est le plus impressionnant pour nous est la route qui passe tantôt dans le désert de Taklamakan, tantôt dans le désert de Gobi. Quel environnement hostile… Soleil de plomb, vent extrêmement chaud et paysage dénudé! Et au grand plaisir de tous, le chauffeur fait des arrêts pour nous permettre de descendre du bus et prendre des photos. À la fin de la journée, le clou de notre visite est l’arrêt au parc national Yadan situé à 180 km au nord-ouest de Dunhuang, au milieu du désert de Gobi. Première surprise en descendant du bus : il y a un vent d’enfer, une vrai tempête de vent! La visite du parc se fait en minibus, qui nous arrête systématiquement aux meilleurs points de vue. Eh bien il vente tellement que nous sommes fouettés par le sable et avons de la misère à marcher et même à garder les yeux ouverts derrière nos lunettes de soleil. En fait, ce serait impossible d’ouvrir les yeux sans lunettes, alors n’ouvrez surtout pas la bouche et ne respirez plus! Le paysage est inimaginable et le vent crée des ondes de sable qui ondulent entre les formations rocheuses comme la neige sur l’autoroute en plein hiver. Quelle vision spectaculaire malgré les conditions difficiles!
27 juillet Dunhuang
La rencontre du désert et de la ville a créé un site assez fabuleux à visiter, comme je l’ai raconté il y a deux jours. Ici en périphérie de Dunhuang, les dunes du sable chantant et le lac du croissant de lune sont des sites à ne pas manquer si l’on réussit à faire abstraction du nombre de touristes. L’escalade des énormes dunes de sable demande un effort physique substantiel, surtout en plein soleil. Cependant, l’expérience et la vue en valent vraiment la peine. En soirée, nous partons avec un jeune couple de québécois et un guide pour notre expédition en chameau dans le désert de Gobi. Enfin, le calme après la folie touristique! Et les dunes de sable blond offrent des vues plutôt exotiques du désert qui nous entoure, surtout du haut d’un chameau! Le guide nous arrête dans une petite dépression entre les dunes et monte le campement pendant que nous faisons de la glissade sur sable avec des traîneaux (cachés auparavant dans le sable). Nous allons au lit passé 22h sous un ciel nuageux donc pas d’étoiles.
28 juillet Dunhuang
Réveil à 6h… Je vous le confirme, le sable est encore plus dur qu’un matelas dur!! Le vent a secoué notre tente toute la nuit. Le café préparé par notre guide compense quelques heures de manque de sommeil. Tout le monde est de bonne humeur et le retour en chameau est tout aussi paisible que la veille. Comme hier, le ciel est nuageux et il vente beaucoup. Il ne fait pas chaud dans le désert sans soleil. Nous revenons en matinée et retournons sur le site des dunes car notre auberge est tout près de là. Ouf, le ciel se dégage et il y a de plus en plus de monde qui arrive.
En soirée, Marc-André prend même la peine d’y retourner pour observer le coucher du soleil sur les dunes de sable.